L’Union européenne a observé une baisse significative des ventes de pompes à chaleur en 2023, selon un rapport récent de l’Association européenne des pompes à chaleur (EHPA). Cette situation met en lumière la nécessité pour la prochaine Commission européenne de revitaliser ce secteur clé pour les ambitions climatiques de l’UE.
Le bâtiment représente un tiers des émissions de CO2 liées à l’énergie dans l’UE, principalement en raison de l’utilisation du charbon et du gaz pour le chauffage. Les pompes à chaleur, qui exploitent la chaleur ambiante et les énergies renouvelables, jouent un rôle crucial dans la réduction des émissions de carbone.
Pourtant, en 2023, les ventes ont chuté, atteignant seulement trois millions de nouvelles unités, soit une baisse de 6,5 % par rapport à 2022.
L’Allemagne a partiellement compensé cette tendance avec 360 000 unités vendues en 2023, soit une augmentation de 58 % par rapport à l’année précédente. Cependant, cette hausse pourrait n’être qu’un sursaut temporaire, les prévisions pour 2024 indiquant une possible baisse des ventes à 200 000 unités.
Cette baisse des ventes s’accompagne d’une contraction des chaînes d’approvisionnement, avec des fabricants comme Stiebel Eltron et Viessmann ayant dû réduire leur main-d’œuvre. L’objectif ambitieux du gouvernement allemand d’installer 500 000 pompes à chaleur en 2023 semble désormais hors de portée.
L’EHPA souligne que, pour atteindre les objectifs climatiques de 2040, l’UE doit installer 60 millions de pompes à chaleur. Sur la trajectoire actuelle, cet objectif pourrait être manqué de 30 millions d’unités, ce qui représenterait un sérieux revers pour les efforts de décarbonation.
Pour la prochaine Commission européenne, relancer le marché des pompes à chaleur sera une priorité. Cela commencera par la publication tant attendue d’un plan d’action dédié, qui a été reporté fin 2023. Ce plan, selon l’EHPA, doit inclure des mesures variées, telles que la formation des installateurs et la création de nouveaux modèles de financement.
Un autre défi majeur sera de rendre les pompes à chaleur plus économiquement viables par rapport aux chaudières à gaz. Actuellement, les prix du gaz en Europe sont revenus à des niveaux pré-pandémie, rendant les pompes à chaleur, bien que plus écologiques, moins compétitives sur le plan des coûts.
Le futur commissaire à l’Énergie devra s’attaquer à ce problème en veillant à ce que le rapport entre le prix du gaz et celui de l’électricité soit équilibré.
Pour que les pompes à chaleur soient attrayantes, le coût de l’électricité ne devrait pas être plus de 2,5 fois supérieur à celui du gaz naturel. Cependant, cette tâche s’annonce complexe, car elle dépend en grande partie des politiques énergétiques des États membres.
La relance des ventes de pompes à chaleur est essentielle pour que l’UE atteigne ses objectifs climatiques. La prochaine Commission européenne aura donc un rôle stratégique à jouer pour soutenir et développer ce marché stratégique.
Source : Euractiv
