Pour l’été 2023, les perspectives sont positives : “Le système électrique semble capable de répondre aux besoins, même en cas de canicule et de sécheresse“. Cependant, RTE rappelle que cela nécessite des efforts continus en matière d’efficacité énergétique ainsi qu’une maximisation de la production d’énergie nucléaire.
La sécurité d’approvisionnement en électricité est assurée… sous certaines conditions.
RTE se veut également rassurant pour l’automne à venir, qui ne présente aucun risque spécifique, contrairement à l’automne 2022. Cette période était en effet marquée par une disponibilité réduite du parc nucléaire français, des réserves hydrauliques faibles et des tensions sur l’approvisionnement en gaz.
Le nucléaire est un point d’attention
“Pour l’hiver 2023-2024, la situation est nettement plus favorable que celle envisagée initialement l’hiver dernier.” Bien que la sécurité énergétique devrait être similaire à celle de l’hiver 2021-2022, RTE nuance ses propos. Le gestionnaire de réseau souligne que ses prévisions dépendent de plusieurs facteurs, notamment :
- La réduction de la consommation
- Le niveau de disponibilité des centrales nucléaires.
- Le rapport appelle donc à la prudence en raison des incertitudes subsistant à six mois de l’échéance concernant la disponibilité précise des réacteurs. RTE souligne en particulier que les grèves liées à la réforme des retraites ont perturbé les plannings de maintenance.
RTE table sur une disponibilité du parc nucléaire entre 40 et 45 GW le 1er décembre 2023, et entre 45 et 50 GW au cours du mois de janvier, soit une augmentation de 5 GW par rapport à l’année précédente.
Pour garantir la sécurité d’approvisionnement, il faudrait donc atteindre la fourchette supérieure de ces estimations et maintenir les efforts d’économie d’énergie.
Une baisse de la consommation marquée, à maintenir
La réduction de la consommation est désormais un prérequis essentiel pour l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité. RTE demande que les efforts d’efficacité énergétique ne se relâchent pas pendant l’été afin de mieux préparer l’hiver.
“Maîtriser la consommation permet de réduire les tensions sur le système électrique, qui peuvent survenir en été, notamment en raison de la sécheresse ou des vagues de chaleur.”
“Il est nécessaire de préserver les réserves hydrauliques et gazières pendant l’été afin de les utiliser au maximum pendant l’hiver.”
Pourquoi les prix à terme sont-ils si élevés ?
La France est de nouveau un exportateur d’électricité important, avec des niveaux d’exportation jamais atteints depuis l’automne.
Les prix français sur le marché spot sont depuis plusieurs mois nettement inférieurs à ceux de ses voisins européens tels que l’Allemagne ou l’Italie. Cette situation est en accord avec les facteurs techniques et économiques, selon RTE. Cependant, les prix sur les marchés à terme restent très élevés pour l’hiver 2023 et 2024, malgré la baisse des prix de toutes les commodités, en particulier du gaz.
“RTE souligne à nouveau le décalage entre ces niveaux de prix (quelles que soient les raisons) et les réalités fondamentales du système, même en tenant compte de prévisions prudentes pour la production nucléaire pendant l’hiver […] Cette déconnexion constitue un problème majeur qui risque de diminuer la confiance des acteurs économiques et de perturber la stratégie de décarbonation.”
Selon le gestionnaire de réseau, ces prix élevés reflètent l’intégration d’une prime de risque importante et l’anticipation d’un possible déséquilibre du système, principalement en raison des incertitudes entourant le parc nucléaire. Quoi qu’il en soit, cette situation de prix élevés est préoccupante, car elle envoie des signaux dissuasifs dans un contexte de décarbonation et d’électrification massive.
Source : Opéra Energie