Arc, l’autorité mondiale dans l’industrie des arts de la table, mise sur une stabilisation des prix de l’énergie et une relance de la consommation pour retrouver sa production quotidienne de deux millions de pièces de verre.
Les fours d’Arc sont identifiés par des lettres.
Récemment, le four “J”, situé dans un complexe industriel à Arques (Pas-de-Calais), a été redémarré, un processus qui ne s’est pas fait sans défis. L’arrêt du four en septembre 2022, causé par l’augmentation fulgurante des prix du gaz, avait pris environ deux semaines.
“Ce n’est pas aussi simple que d’appuyer sur un bouton“, souligne Martin Debacker, directeur des opérations verrières d’Arc France. Les fours nécessitent un refroidissement progressif et une mise en sécurité, suivis par une purge complète des réseaux. Le redémarrage implique un processus inverse.
Depuis mi-mars, Arc a redémarré quatre de ses fours. Le cinquième, parmi les neuf qui fonctionnaient jusqu’en septembre, ne sera pas réactivé. Malgré l’émotion ressentie par les verriers lorsque les fours ont repris leur activité, la hausse record des prix du gaz et de l’électricité rendait la production non rentable.
Le retour à l’activité était vivement attendu à Arques, où Arc emploie 4 800 personnes. L’arrêt des fours avait laissé presque tout le monde en chômage partiel. Avec 84 % du salaire net et la perte des primes, la reprise était donc une bonne nouvelle.
Le 11 avril, Roland Lescure, le ministre de l’industrie, a visité l’usine pour saluer la remise en service des fours et annoncer un nouveau prêt de 10 millions d’euros pour soutenir Arc. Ce n’est pas le premier prêt de ce genre : depuis mars 2019, l’Etat a offert son soutien à six reprises. Les collectivités locales ont également apporté leur aide, avec un total de 199 millions d’euros de fonds publics injectés en quatre ans.
Sans cette aide, les conséquences auraient été désastreuses pour la région”, déclare Frédéric Specque, délégué CGT. Selon lui, les difficultés d’Arc s’expliquent par le manque d’investissements dans l’entreprise au cours des trente dernières années.
Au four “J”, le conditionnement des plats et des saladiers en verre opale est toujours manuel, bien qu’un robot ait été récemment introduit pour la mise sur palette. Le site fonctionne 24/7, 365 jours par an, sur des équipements qui nécessitent d’importants investissements. Debacker est confiant dans les projets de conversion des fours à gaz en fours électriques, une “technologie d’avenir” qui permettrait de réduire considérablement la facture énergétique.
Pour assurer le futur d’Arc, il est essentiel que les prix de l’énergie se stabilisent et que la demande des consommateurs suive. Comme le note un cadre supérieur, Arc dispose d’un catalogue de plus de 15 000 références et exporte ses produits dans le monde entier, avec de grandes perspectives sur le marché haut de gamme.
Nous espérons non seulement retrouver notre niveau de production d’avant la crise, mais aussi le dépasser, même si la visibilité reste limitée.
Martin Debacker, directeur des opérations verrières d’Arc France.
Le personnel d’Arc est optimiste, espérant que le site français pourra de nouveau produire les deux millions de pièces par jour nécessaires à la garantie de son avenir. Dans ce contexte de relance, le soutien des consommateurs sera aussi essentiel que la stabilisation des coûts énergétiques.
Source : Le Monde