Le projet de loi sur la souveraineté énergétique, présenté le 7 janvier par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, suscite des critiques pour son approche jugée déséquilibrée en faveur du nucléaire au détriment des énergies renouvelables (ENR).
Bien que le projet vise à réduire la part des énergies fossiles de 60% à 40% d’ici 2035, il accentue surtout le développement du nucléaire, avec des plans pour 63 GW de puissance installée, y compris la construction de nouveaux réacteurs EPR.
Critiques du manque de précision pour les ENR
Des voix s’élèvent contre l’absence d’objectifs chiffrés précis pour les énergies renouvelables dans le texte de loi. Arnaud Gossement, avocat spécialisé en droit de l’environnement, pointe un manque de visibilité qui donne la priorité au nucléaire, reléguant les ENR à une place incertaine, soumise à des “décrets flottants”. Cette situation marque, selon lui, une régression par rapport aux pratiques antérieures où les cibles pour chaque type d’énergie étaient inscrites dans le Code de l’énergie.
Les objectifs existent mais hors loi
Le gouvernement a bien des objectifs pour les énergies renouvelables : 18 GW d’éolien marin, 40 GW d’éolien terrestre, et 75 GW de photovoltaïque d’ici 2035. Cependant, ces chiffres n’ont pas été inclus dans la loi, une décision stratégique visant à faciliter son adoption selon Jules Nyssen, président du syndicat des énergies renouvelables.
Le gouvernement promet néanmoins que ces objectifs seront définis par décret avant l’été.
Réactions et pressions
Michel Gioria, délégué général de France Energie Eolienne, appelle à un rééquilibrage du texte pour garantir une transition énergétique plus harmonieuse. Le contexte européen, où un objectif de 42,5% d’ENR dans le mix énergétique d’ici 2030 est fixé, pourrait contraindre la France à préciser ses engagements en matière de renouvelables.
Enjeux et perspectives
Ce débat sur la souveraineté énergétique illustre la difficulté de concilier le développement du nucléaire, perçu comme une solution à la réduction des émissions de CO2, avec l’impératif d’augmenter la part des énergies renouvelables.
La manière dont la France équilibrera ces deux piliers sera cruciale non seulement pour respecter ses engagements climatiques mais aussi pour répondre aux attentes de divers secteurs économiques et de la population concernant une transition énergétique équitable et durable.
La révision à venir des objectifs par décret sera un moment clé pour observer si le gouvernement ajustera son approche en réponse aux critiques actuelles et alignera sa politique avec les objectifs plus larges de l’Union européenne en matière d’énergies renouvelables.
Source : Opéra Energie