Le rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat, publié le 28 juin 2023, dresse un constat peu encourageant quant aux efforts de la France dans la lutte contre les émissions de CO2.
Le constat est clair : au cours de la dernière décennie (2013-2022), la France a connu un réchauffement de 1,9°C, dépassant ainsi la moyenne mondiale de 1,15°C.
Selon les projections, le réchauffement devrait atteindre +2°C en France d’ici 2030 (+2,3°C en cas de scénario pessimiste) et pourrait même atteindre +4°C à la fin du XXIe siècle. Cette situation préoccupante souligne l’importance de prendre des mesures concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, tant en France que dans le reste du monde.
Le rapport met en évidence les obstacles à la réalisation des objectifs fixés par l’Europe, qui prévoit une réduction de 55% des émissions de CO2 d’ici 2030. Selon le Haut Conseil, les politiques actuelles ne sont pas suffisamment orientées vers cet objectif. Le bouclier tarifaire mis en place pour faire face à la hausse des prix de l’énergie (43 milliards d’euros de dépenses publiques en 2023) a incité à une consommation accrue d’énergies fossiles. De plus, les taux réduits appliqués au kérosène, au diesel et aux carburants dans les transports entravent également la réduction des émissions.
Le bilan des dépenses vertes est mitigé : bien qu’elles devraient augmenter en 2023, elles sont en recul si l’on exclut le plan de relance. Atteindre la neutralité carbone nécessitera des dépenses beaucoup plus importantes. En d’autres termes, la France est exposée aux conséquences du réchauffement climatique mais n’est pas préparée à y faire face.
Le Haut Conseil propose plusieurs recommandations pour remédier à cette situation.
Il est nécessaire d’augmenter les dépenses publiques de 30 milliards d’euros afin de parvenir à la neutralité carbone. Une transformation de la politique économique, budgétaire, fiscale, commerciale et industrielle est également préconisée. Plutôt que d’adopter une approche réactive et fragmentée, la France doit adopter une approche systémique anticipée et préventive, en agissant plutôt qu’en réagissant.
Il est également essentiel d’anticiper les changements à différentes échelles temporelles, que ce soit sur le court terme, les saisons ou les événements extrêmes. Enfin, le Haut Conseil recommande de mettre fin aux politiques des taux réduits et du bouclier tarifaire, et de concentrer les aides sur les ménages les plus vulnérables.
Source : Opéra Energie