Chaque année début décembre, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) publie les résultats de la commande du dispositif ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique), crucial pour les fournisseurs d’électricité alternatifs en France. Le dispositif leur permet d’acheter de l’électricité nucléaire à un tarif régulé, actuellement fixé à 42 €/MWh, afin de rester compétitifs face au fournisseur historique, EDF.
Pour l’année 2024, la situation montre une tension persistante entre la demande des fournisseurs alternatifs et le volume disponible, soulignant les défis structurels du marché de l’électricité en France.
Demande vs. Offre en 2024
- Demande des fournisseurs alternatifs : Ils ont sollicité 130,41 TWh d’électricité.
- Volume disponible : Seulement 100 TWh sont disponibles à ce tarif préférentiel.
- Écrêtement nécessaire : En conséquence, il y aura un écrêtement de 23,32 %, ce qui signifie que chaque fournisseur alternatif ne recevra que 76,68 % de la quantité demandée au tarif ARENH.
Comparaison avec l’année précédente
- La demande apparente est en baisse par rapport à l’année dernière où elle était de 148,3 TWh. Cependant, cette baisse est trompeuse.
- Impact du coefficient de bouclage : La baisse est attribuée à une modification du coefficient de bouclage utilisé dans les calculs. Si l’on utilisait l’ancien coefficient, la demande ajustée pour 2024 serait de 148,95 TWh, démontrant en réalité une stabilité ou une légère augmentation de la demande effective.
Implications pour le Marché
- Pression sur les prix : L’écrêtement systématique de la commande ARENH met en évidence une demande robuste pour de l’électricité à prix réduit, ce qui pourrait maintenir la pression sur les prix de vente finaux dans un contexte où les coûts de production ou d’achat alternatif pourraient être plus élevés.
- Stratégies des fournisseurs : Les fournisseurs alternatifs doivent continuellement adapter leurs stratégies pour gérer l’insuffisance de l’électricité nucléaire disponible à tarif régulé. Cela pourrait impliquer une plus grande diversification des sources d’énergie ou une gestion plus dynamique de la tarification pour les consommateurs.
- Débats politiques et réglementaires : L’insuffisance récurrente du volume disponible soulève des questions sur la pertinence de l’ARENH à long terme. Les décideurs pourraient être amenés à reconsidérer le mécanisme, soit en augmentant le volume disponible, soit en modifiant le cadre réglementaire pour mieux équilibrer les intérêts des différents acteurs du marché.
En conclusion, bien que la demande de 2024 pour l’électricité nucléaire à tarif ARENH semble avoir diminué en surface, l’analyse ajustée révèle une continuité dans la forte demande. Cette situation appelle une réflexion plus profonde sur la politique énergétique française, particulièrement en ce qui concerne l’accès à l’énergie nucléaire à prix régulé et son impact sur la compétitivité du marché.
Source : Opéra Energie
