Vers une révolution énergétique - Un appel à la mobilisation collective pour redynamiser EDF.

Vers une révolution énergétique – Un appel à la mobilisation collective pour redynamiser EDF.

Face aux défis et à l’urgence de l’électrification de la France, « le temps est contre nous », a déclaré Luc Rémont, PDG d’EDF, lors de son audition devant la commission d’enquête parlementaire sur la souveraineté énergétique du pays.

Nous avons un défi majeur devant nous. Nous pouvons le relever. Je pense simplement qu’il faut une prise de conscience collective.

Luc Rémont, PDG d’EDF

Le 28 février 2023, Luc Rémont, PDG d’EDF, a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire cherchant à comprendre les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France. Il n’a pas minimisé l’ampleur de la tâche et l’urgence de redresser EDF après une année 2022 très difficile.

Lors de son audition, l’ancien cadre de Schneider Electric a présenté son analyse des difficultés rencontrées par EDF, les facteurs internes et externes, et a partagé ses réflexions pour redonner à EDF sa capacité de production, des résultats financiers plus positifs et la capacité d’investir massivement. Depuis octobre 2022, les anciens dirigeants d’EDF, d’anciens ministres, des syndicalistes et des hauts fonctionnaires ont également répondu aux questions de la commission, dont les conclusions seront publiées en avril.


En 2022, EDF a connu « la plus grande crise opérationnelle depuis sa création » en 1946, a souligné Luc Rémont, en poste depuis novembre 2022. La production nucléaire de l’entreprise est tombée à 279 térawattheures (TWh), entraînant une chute des résultats financiers et une hausse de l’endettement.

Cette « situation particulièrement difficile » survient alors que l'électrification des usages (automobile, industrie, etc.) va accroître considérablement les besoins et donc les investissements. « Le temps est contre nous », a résumé Luc Rémont pour décrire les enjeux et l'urgence de l'électrification du pays.

Le PDG d’EDF attend une « prise de conscience interne » et un « changement de paradigme collectif ». Il a demandé à ses équipes de travailler sur « le temps métal » pour optimiser le temps efficace consacré aux machines en identifiant et en éliminant les « rigidités collectives ». Il attend également des délais plus courts pour les projets afin de terminer les chantiers à temps et dans les budgets. EDF doit en effet surmonter les retards financiers et temporels de l’EPR de Flamanville (Manche), dont la mise en service a été reportée à 2024, soit douze ans après la date initiale.

Le « nouveau nucléaire », avec au moins six réacteurs EPR 2 annoncés par le président Emmanuel Macron en février 2022, représente 51 milliards d’euros d’investissement.

Les énergies renouvelables nécessiteront également des investissements massifs d’ici 2050 pour que la France atteigne ses objectifs de décarbonation. Le « grand carénage », qui vise à adapter les centrales existantes pour prolonger leur durée de vie, représente également un enjeu financier conséquent.

EDF ne pourra pas s’en sortir uniquement en améliorant son efficacité. Le marché européen de l’électricité n’est pas « la cause de ces difficultés », mais il est « incomplet », selon l’ancien banquier, notamment parce qu’il ne permet pas de donner de la visibilité à long terme, ni sur les investissements, ni sur les contrats avec les clients. La Commission européenne, après avoir recueilli les avis des opérateurs, des industriels et des États membres, doit publier ses propositions en mars.

Luc Rémont estime que le dispositif mis en place en 2011 pour répondre aux exigences de Bruxelles est « à bout de souffle ». En contrepartie du maintien de son monopole sur le nucléaire, l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) a été conçu pour faire perdre des parts de marché à EDF en l’obligeant à vendre, à prix fixe, une partie de sa production – ce qui a fonctionné.

L’ARENH a certes permis de limiter les hausses de prix pour les consommateurs, mais elle a coûté cher et n’a pas incité les concurrents à investir, comme l’ont dénoncé les prédécesseurs de Luc Rémont lors des précédentes auditions. Le prix d’achat de l’électricité à EDF dans ce cadre (fixé à 42 euros par MWh pour les 100 premiers TWh, à 46 euros pour les 20 autres TWh en 2022) est considéré comme largement inférieur aux coûts de production du nucléaire. L’ancien PDG, Jean-Bernard Lévy, avait même déposé un recours qui a été rejeté devant la justice pour contester cette mesure décidée par l’État, son principal actionnaire.

Luc Rémont n’a pas donné de chiffre précis concernant le juste prix de l’électricité d’origine nucléaire vendue à ses concurrents. Cependant, il a évoqué un prix plus proche de la réalité des coûts, en citant l’exemple des contrats signés en décembre 2022 par EDF pour la vente, à long terme, d’électricité issue d’énergies renouvelables, à 90 euros le mégawattheure. « Une économie compatible avec l’avenir d’EDF », selon son PDG.

Source : Le Monde

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