Le projet visant à développer l’industrie verte en France est au cœur des préoccupations du gouvernement, qui cherche à attirer davantage d’investissements étrangers dans ce domaine. Alors que le projet de loi correspondant sera débattu au Sénat le mardi 20 juin 2023, l’objectif est de maintenir la position de leader européen de la transition énergétique et de favoriser l’arrivée d’investissements verts en provenance de l’étranger. Cependant, certaines considérations méritent d’être prises en compte pour évaluer la faisabilité de cet objectif.
Le projet d’industrie verte, tel que décrit par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, et le président de la République, comporte plusieurs volets.
Il prévoit notamment un soutien à l’exploitation des technologies vertes telles que l’éolien, les batteries électriques, les panneaux solaires et les pompes à chaleur. De plus, il vise à favoriser les entreprises vertueuses sur le plan énergétique, avec pour ambition de créer environ 40 000 emplois d’ici 2030. Enfin, le programme vise également à dépolluer les sites industriels abandonnés, à promouvoir le recyclage des déchets industriels et à soutenir la décarbonation des industries existantes.
La France occupe déjà la première place en Europe en ce qui concerne les investissements étrangers, selon le baromètre du cabinet d’audit financier et de conseil EY, et elle a maintenu cette position depuis 2018. En 2022, le pays a accueilli 1 259 projets d’investissement, devançant le Royaume-Uni (929 projets) et l’Allemagne (832 projets). Alors que ces deux pays connaissent une baisse de leurs investissements étrangers, respectivement de 6% et 1%, la France continue de croître dans ce domaine avec une augmentation de 3%.
L’étude réalisée par EY révèle que la France est considérée comme le moteur de la transition énergétique en Europe. En effet, 50% des dirigeants d’entreprises européennes interrogés estiment que la France est plus attractive que ses concurrents en matière d’industrie verte, et 6% vont même jusqu’à affirmer que le pays est en avance sur ce sujet. Parmi les atouts cités par les sondés, on retrouve notamment l’accès à une énergie décarbonée grâce à l’énergie nucléaire, ainsi que la compétitivité des prix de l’énergie. Les entreprises européennes saluent également les efforts du gouvernement français pour légiférer sur la préservation de l’environnement.
Cependant, une analyse plus détaillée de l’étude révèle certains points plus mitigés. En ce qui concerne la décarbonation des chaînes industrielles, 60% des répondants estiment que la France ne se démarque pas particulièrement par rapport à la concurrence, et seulement 33% considèrent que le pays est meilleur que ses voisins européens dans ce domaine. En ce qui concerne les entreprises innovantes dans le domaine de la transition énergétique et environnementale, seules 16% des personnes interrogées estiment que la France est en retard par rapport au reste de l’Europe.
En ce qui concerne la compétitivité des prix, bien que la France soit meilleure que les autres pays européens, une augmentation significative des coûts est prévue pour les entreprises en 2023, selon BPI France, principalement pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI).
Enfin, la stratégie de financement du projet “industrie verte” du gouvernement soulève des questions chez les analystes d’EY. Ils estiment que la transition vers une industrie verte nécessitera des investissements importants. Il sera essentiel pour la France de réussir à transformer les start-ups en entreprises de taille intermédiaire, ce qui représente un défi.
Bien que la France soit perçue comme un acteur clé de la transition énergétique en Europe et qu’elle ait réussi à attirer un nombre important d’investissements étrangers, certains aspects nécessitent une attention particulière. Il faudra notamment faire face aux défis liés à la décarbonation industrielle, soutenir les entreprises innovantes et garantir la compétitivité des prix, tout en assurant un financement adéquat pour le projet “industrie verte”.
Source : Opéra Energie