Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Europe a pris des mesures importantes pour garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique et aider les particuliers ainsi que les organisations (publiques et privées) à faire face à la hausse des prix de l’énergie. Les installations de stockage en gaz ont été réapprovisionnées et la demande en énergie (électricité / gaz) a diminué, permettant une baisse des prix par rapport aux sommets atteintes en août 2022.
Malgré tout, les prix de l’énergie restent extrêmement élevés par rapport à 2021, l’Union Européenne est divisée sur l’approche idéale pour se prémunir contre de nouvelles perturbations dans les mois à venir.
La France, l’Italie, l’Espagne, la Pologne, le Portugal, la Grèce et neuf autres pays de l’Union Européenne souhaitent plafonner les prix de gros de l’énergie, en argumentant que cette méthode permettrait de traiter le problème à la source, d’éviter une course aux subventions et de contribuer à réduire l’inflation. Cependant, Un camp opposé, mené par l’Allemagne et les Pays-Bas, soutient que de tels plafonds augmenteraient la demande et rendraient plus difficile pour l’UE d’attirer des importations nettes d’énergie.
Du point de vue de la politique énergétique, le plafonnement des prix de l’énergie au niveau européen n’est pas une stratégie idéale. Même s’ils n’augmenteraient probablement pas la demande d’énergie par rapport aux années précédentes, ils diminueraient les incitations à réduire la demande en Europe, une nécessité pour les États membres de l’Europe qui viennent de perdre environ 40 % des approvisionnement en gaz et 10 % en électricité.
De plus, le plafonnement pourrait nuire à la capacité de l’Europe à attirer du gaz sur les marchés mondiaux, ce qui mettrait en péril l’approvisionnement dont elle a tant besoin pour subsister en 2023. Sans compter d’importants transferts transfrontaliers au sein de l’UE, qui devraient être compensés d’une manière ou d’une autre…
Alors, quelles sont les solutions ?
Après l’échec des ministres de l’énergie de l’UE à trouver une solution sur ce front, le 24 novembre dernier, l’UE devrait abandonner l’idée de plafonnement des prix et s’attaquer au problème de l’égalité des conditions de concurrence de manière plus efficace et transparente.
L’UE pourrait également regrouper sa demande de gaz dans un système d’achat commun afin de renforcer son pouvoir de négociation par rapport aux approvisionnements extérieurs.
Un fonds européen pour la crise énergétique devrait soutenir trois objectifs politiques essentiels.
- Promouvoir les économies d’énergies pour réduire la demande
- Fournir un soutien à l’ensemble de l’industrie européenne afin de garantir des conditions de concurrences équitables.
- Le fonds devrait être utilisé pour accélérer le déploiement des technologies propres, afin de découpler entièrement l’Europe des combustibles fossiles Russes.
La mutualisation du coût de l’approvisionnement pourrait permettre de réduire le risque de surenchère entre les pays européens pour obtenir des cargaisons de GNL et faciliterait la répartition transfrontalière des rares volumes de gaz en cas de graves problèmes d’approvisionnement. Cela réduirait également le risque de voir se fragmenter le marché de l’énergie Européen et les conséquences qui en découleraient en matière de sécurité énergétique, d’économie et de politique.
Source : Le Monde