Depuis le départ du conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie, les répercussions économiques ne cessent de pleuvoir sur l’UE, avec une augmentation massive du coût des matières premières et une forte baisse du pouvoir d’achat, déjà amorcé par l’ère COVID 19.
Le marché de l’énergie n’y échappe pas, bien au contraire.
Gazprom avait déjà annoncé fin avril suspendre toutes ses livraisons de gaz à la Bulgarie et la Pologne, ces deux pays membres de l’Union européenne ayant refusé de régler leurs factures en roubles. Une mesure prise en réplique aux sanctions occidentales imposées à Moscou en raison de son offensive.
Des sanctions sans précédent.
Les sanctions occidentales inédites contre la Russie, vont du gel des réserves russes à un embargo sur des produits stratégiques, ainsi que des sanctions financières.
La Russie en réponse, a annoncé des sanctions contre plus de 30 sociétés de l’Union européenne, des États-Unis et de Singapour, en représailles aux sanctions dont elle est frappée pour son offensive militaire contre l’Ukraine.
Une guerre économique
Le géant gazier russe Gazprom a annoncé le jeudi 12 mai 2022 cesser d’utiliser un gazoduc clé pour le transit de gaz à l’Europe via la Pologne. La Pologne et la Bulgarie dépendent à environ 50% et 90%, respectivement, du gaz russe pour leurs approvisionnements.
Les deux pays n’ont pas tardé à prendre la parole pour rassurer leurs populations, expliquant s’être préparés à cette éventualité. En réaction, l’UE avait indiqué que ces deux pays sont désormais approvisionnés par leurs voisins de l’Union européenne. Enfin, depuis plusieurs jours le transit gazier vers l’Europe via l’Ukraine, est lui aussi affecté par le conflit.
Bruxelles prépare une réponse adaptée
Globalement, c’est l’Europe toute entière qui est déjà prête à renoncer au gaz russe, comme l’expliquait dernièrement la présidente de la Commission européenne: « L’annonce de Gazprom est une nouvelle tentative de la Russie de nous faire du chantage au gaz. Nous sommes préparés à ce scénario. Nous élaborons notre réponse européenne coordonnée. Les Européens peuvent être sûrs que nous sommes unis et solidaires avec les États membres touchés »
Bien sûr, ce nouveau rebondissement fait craindre des tensions supplémentaires sur les prix de l’énergie, alors même que la Banque mondiale vient d’alerter sur la dynamique haussière du marché e annonce dans son rapport du 26 avril 2022 que les prix des matières premières « resteront à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024 » et « Les prix de l’énergie devraient augmenter de plus de 50 % en 2022 avant de diminuer en 2023 et 2024 » et les prix pourraient encore progresser « en cas de guerre prolongée ou de sanctions supplémentaires à l’encontre de la Russie ».
Des répercussions immédiates et inédites
Le déclenchement de la guerre en Ukraine a entraîné de très fortes augmentations des prix du gaz naturel et du charbon, étant donné l’importance primordiale de la Russie en tant qu’exportateur de ces deux combustibles.
En mars 2022 les prix européens du gaz naturel ont ainsi grimpé de plus de 50 % par rapport à février pour atteindre un niveau record et étaient presque sept fois plus élevés qu’en mars 2021.
Atteignant des sommets historiques, les prix du gaz naturel devraient être deux fois plus élevés en 2022 qu’en 2021, tandis que les prix du charbon devraient être 80 % plus élevés.
Le pétrole suivra le même schéma.
Le Brent devrait atteindre une moyenne de 100$/b en 2022, son plus haut niveau depuis 2013 et une augmentation de plus de 40 % par rapport à 2021. « Les prix devraient se modérer à 92 dollars en 2023 – bien au-dessus de la moyenne sur cinq ans de 60 dollars le baril ». L’augmentation des prix de l’énergie au cours des deux dernières années a ainsi été la plus importante depuis la crise pétrolière de 1973.
Et les hausses de prix des produits alimentaires (dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs) et des engrais, qui dépendent du gaz naturel comme outil de production, ont été les plus importantes depuis 2008.
Un cercle vicieux
En effet, la forte hausse des prix de l’énergie et des engrais, pourrait entraîner une réduction de la production alimentaire, notamment dans les économies en développement. Ce qui affectera les disponibilités alimentaires, les revenus ruraux et les moyens de subsistance des pauvres.
Conclusion
Une crise énergétique partie pour durer
L’analyse révèle que l’impact de la guerre pourrait être plus durable que les chocs précédents pour au moins deux raisons.
- D’une part, il est moins facile aujourd’hui de remplacer les produits énergétiques les plus touchés par d’autres combustibles fossiles, car les augmentations de prix ont été généralisées à tous les combustibles.
- D’autre part, l’augmentation des prix de certains produits de base entraîne également la hausse des prix d’autres produits de base : les prix élevés du gaz naturel ont par exemple fait augmenter les prix des engrais, exerçant une pression à la hausse sur les prix agricoles.
Source : euractiv.fr
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