Selon RTE, jusqu’à douze alertes Ecowatt rouges auraient pu être déclenchées sans la diminution de la consommation et si les importations avaient été limitées.
Le risque de coupures d’électricité n’a jamais été aussi élevé depuis des décennies. Les tensions sur l’approvisionnement en gaz, les problèmes de maintenance et de corrosion du parc nucléaire et la chute de la production hydraulique ont poussé RTE à alerter dès septembre 2022 sur la possibilité de délestages tournants et lancer le signal « Ecowatt » pour mobiliser les Français.
Cinq mois plus tard, aucune alerte n’a été émise et RTE a expliqué, le 16 mars, les raisons pour lesquelles la France a échappé aux coupures. L’entreprise met en avant deux éléments clés :
- La baisse significative de la consommation d’électricité
- Le fonctionnement fluide des échanges européens d’électricité et de gaz.
Entre octobre et février, la consommation en France a baissé d’environ 9 %, soit 20 térawatt-heure (TWh) en comparaison à la période de référence (2014-2019). Cette diminution est due à des facteurs économiques, des changements de comportements et des mesures de sobriété.
Tous les secteurs se sont mobilisés, avec une baisse de consommation significative dans le tertiaire, l’industrie et les ménages. L’effet a été particulièrement marqué dans la sidérurgie, la métallurgie et la chimie, ainsi que dans le chauffage pour le tertiaire et le résidentiel.
Malgré un hiver relativement doux, l’effet net de la météo sur la consommation a été faible (7 TWh). Les effets liés à la baisse de consommation ont été trois fois plus importants que ceux liés à la météo.
Pour faire face aux pics de consommation, la France est devenue importatrice nette d’électricité en 2022 pour la première fois depuis 1980. Sans la baisse de consommation et si les importations avaient été limitées, RTE estime que jusqu’à huit alertes Ecowatt orange et douze Ecowatt rouges auraient pu être déclenchées au cours des cinq derniers mois.
Il est encore trop tôt pour anticiper l'hiver 2023-2024, mais la question de savoir si la baisse de consommation se poursuivra est cruciale. « On s'attend à ce que le mouvement engagé puisse se poursuivre et s'amplifier d'ici à l'hiver prochain », a déclaré Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, ajoutant que les principales opportunités de sobriété pourraient se trouver dans le secteur tertiaire.
Concernant la production du parc nucléaire, la plus faible depuis 1988, RTE estime que la nouvelle fissure détectée sur un réacteur de Penly (Seine-Maritime) ne change pas fondamentalement la situation. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) devait se prononcer le jeudi soir sur la nouvelle stratégie de contrôle des réacteurs proposée par EDF.
Alors que la situation reste incertaine pour l’hiver prochain, il est essentiel de continuer à surveiller les tendances de consommation et de production d’énergie pour anticiper et prévenir d’éventuelles pénuries.
Source : Le Monde