Impact du Durcissement Monétaire sur la Croissance Mondiale

Impact du Durcissement Monétaire sur la Croissance Mondiale

La croissance économique mondiale est actuellement en difficulté en raison de l’adoption de politiques monétaires restrictives. Cette situation met particulièrement en péril les pays en développement, qui sont confrontés à une hausse des taux d’intérêt et à une augmentation du coût de la dette.

Les perspectives économiques mondiales restent incertaines, comme en témoignent les récentes prévisions contradictoires publiées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque mondiale.

Selon l’OCDE, l’économie mondiale montre des signes d’amélioration, mais la reprise reste fragile.

En revanche, la Banque mondiale s’inquiète d’une nette décélération de la croissance par rapport à 2022, ainsi que d’un risque croissant de tensions financières dans les économies émergentes et en développement.

Selon les estimations, la croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial devrait ralentir à 2,1 % en 2023, selon la Banque mondiale, tandis que l’OCDE prévoit un taux supérieur à 2,7 %. Quelle que soit la prévision retenue, il est clair que l’année 2023 sera marquée par une croissance inférieure à celle de 2022, avant de repartir à la hausse en 2024, avec un taux de croissance compris entre 2,4 % et 2,9 %.

Cependant, ces chiffres globaux masquent d’importantes disparités géographiques. L’Asie, en particulier l’Inde et la Chine, reste la principale locomotive de la croissance mondiale, contribuant aux deux tiers de celle-ci. Cette performance est néanmoins fragile, comme l’a souligné le Fonds monétaire international, qui met en garde contre le risque accru de défaut des entreprises de la région, en raison de leur niveau d’endettement élevé et des conditions financières tendues. Les autorités chinoises ont également signalé une inversion des exportations en mai, pour la première fois depuis février, ce qui témoigne de l’incertitude qui règne.


D’autre part, la Banque mondiale exprime ses inquiétudes quant à la situation des pays d’Amérique latine, d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne, qui subissent une baisse de la demande internationale, une augmentation des prix et une diminution des investissements étrangers. Par ailleurs, l’écart se creuse entre les pays développés, qui ont mieux résisté à la crise due à la pandémie de Covid-19 grâce à leurs programmes de soutien, et les pays à faible revenu. Dans environ un tiers de ces pays, le PIB par habitant devrait rester inférieur à celui de 2019, juste avant la pandémie, même en 2024. Selon la Banque mondiale, la croissance des pays émergents (hors Chine) ne dépassera pas 2,9 % en 2023, contre 4,1 % en 2022.

La croissance économique mondiale dépendra en grande partie de l’orientation des politiques monétaires, et notamment du niveau d’inflation.

Les banques centrales seront confrontées à la décision de continuer à augmenter les taux d’intérêt pour freiner la hausse des prix, au risque d’étouffer davantage l’activité économique. Bien que les prix de l’énergie aient baissé après les sommets atteints en début d’année lors de la crise en Ukraine, et malgré les récentes augmentations des taux d’intérêt, lesquelles n’ont jamais été aussi importantes en si peu de temps depuis plusieurs décennies, l’OCDE constate que l’inflation de base a été plus élevée que prévu au cours des dix-huit derniers mois et pourrait persister davantage que prévu.

Dans ce contexte, les prévisions indiquent une lente diminution de l’inflation dans les économies du G20, passant de 7,8 % en 2022 à 6,1 % en 2023, pour atteindre finalement 4,7 % en 2024.

Dans de telles circonstances, il est tout à fait envisageable que certains pays adoptent une politique monétaire plus stricte, ce qui aurait des conséquences négatives sur la croissance, l’emploi et présenterait des risques accrus en termes de stabilité financière.

Il existe un risque de tempête financière pour les pays émergents. La Banque mondiale souligne que les hausses rapides des taux d’intérêt, telles que celles observées aux États-Unis cette année, accroissent la probabilité d’une crise financière dans les économies en développement. Elle appelle donc les institutions monétaires de ces pays à augmenter leurs réserves de change afin de faire face à d’éventuelles sorties de capitaux. Les économies avancées ne sont pas non plus épargnées, car la Banque mondiale n’exclut pas une détérioration du secteur bancaire à la suite des faillites survenues en début d’année aux États-Unis, ce qui pourrait entraîner une contraction du crédit et des turbulences financières.


En outre, la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis et dans l’Union européenne risque d’aggraver les défauts de paiement dans les pays pauvres, dont la dette publique a augmenté de 30 points de pourcentage du PIB entre 2011 et 2022. À la fin du mois d’avril, quatorze de ces pays étaient déjà en situation de surendettement. Le remboursement de leur dette représente jusqu’à 20 % de leurs dépenses budgétaires, réduisant ainsi leur marge de manœuvre pour lutter contre la pauvreté. Les négociations sur la restructuration de ces dettes sont longues et difficiles en raison de la diversification et de la fragmentation du paysage des créanciers, notamment avec l’émergence de la Chine et des acteurs privés. Par exemple, les discussions sur la dette de la Zambie durent depuis deux ans.

Bien que l’OCDE et la Banque mondiale partagent un constat similaire, l’OCDE se veut rassurante en mettant en avant la baisse des prix de l’énergie et de l’inflation, la résolution des problèmes logistiques dans les chaînes d’approvisionnement et la reprise de l’économie chinoise, combinées à de bonnes données sur l’emploi et des finances relativement stables pour les ménages. En revanche, la Banque mondiale s’inquiète des nombreux pays qui s’appauvrissent, confrontés à des niveaux d’inflation record et à des marchés financiers sous pression. Il est important de souligner que les prévisions économiques ne sont pas une science exacte et comportent une part d’incertitude.

Dans l’ensemble, la croissance économique mondiale est fragilisée par le durcissement des politiques monétaires. Les hausses des taux d’intérêt entraînent une augmentation du coût de la dette, ce qui met particulièrement en danger les pays en développement. Les prévisions indiquent un ralentissement de la croissance mondiale en 2023, avec des disparités géographiques importantes.

L’Asie, en particulier l’Inde et la Chine, reste le moteur principal de la croissance mondiale, mais sa performance est fragile.

D’autres régions telles que l’Amérique latine, l’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne souffrent de la baisse de la demande internationale, de la hausse des prix et de la diminution des investissements étrangers.

La croissance des pays développés a été relativement plus solide grâce à leurs programmes de soutien économique, tandis que les pays à faible revenu ont connu des difficultés plus importantes. Pour certains d’entre eux, le revenu par habitant en 2024 devrait encore être inférieur à celui de 2019, juste avant la pandémie de Covid-19. De plus, la politique monétaire future, notamment la gestion de l’inflation, jouera un rôle crucial dans la trajectoire de la croissance mondiale. Les hausses des taux d’intérêt peuvent avoir des répercussions négatives sur la croissance, l’emploi et la stabilité financière.

En bref, la croissance mondiale est confrontée à des défis majeurs en raison du durcissement des politiques monétaires. Les pays en développement sont particulièrement vulnérables, tandis que les disparités géographiques se creusent. Les prévisions économiques indiquent une croissance ralentie en 2023, avec des incertitudes persistantes. Les décisions concernant les politiques monétaires et la gestion de l’inflation auront un impact significatif sur la trajectoire économique mondiale. Il est essentiel de surveiller de près ces développements pour atténuer les risques et favoriser une reprise solide et durable.

Source : Le Monde

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