Dans le contexte d’un renouveau imminent de la stratégie nationale sur l’hydrogène, le gouvernement français s’apprête à allouer 4 milliards d’euros pour promouvoir des initiatives axées sur l’hydrogène vert, en partenariat avec le secteur privé.
Il est bien connu que l’UE envisage de promouvoir grandement l’utilisation de l’hydrogène non-carboné, dans le but de dominer ce secteur à l’échelle mondiale. Selon le plan REPowerEU, l’ambition est de produire et d’importer annuellement 20 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030, réduisant ainsi la dépendance aux énergies fossiles principalement issues de Russie.
Chaque pays membre avance avec sa propre stratégie : la France mise sur la production locale, tandis que l’Allemagne privilégie l’importation.
Récemment, le gouvernement français a évoqué l’introduction prochaine d’un décret qui libérera 4 milliards d’euros destinés à encourager la production d’hydrogène vert, s’inscrivant dans un plan de soutien public de 9 milliards d’euros annoncé fin 2020.
Ce fonds vise à financer divers projets qui, ensemble, généreront environ 1 GW de puissance, équivalant à une production annuelle de près de 140 000 tonnes, explique Maxime Sagot, responsable des affaires publiques et réglementaires sur l’hydrogène chez EDF. La mise en service du premier électrolyseur est prévue pour 2026.
Subventions pour équilibrer les coûts ?
En pratique, cette subvention de 15 ans sera mise en place possiblement avant que la production ne démarre, dans le but de couvrir l’écart de coûts, qui peut varier du simple au quadruple, entre l’hydrogène vert et son homologue carboné, précise M. Sagot.
Cette approche vise à stabiliser les prix, s’alignant ainsi sur le modèle des “contracts for difference” (CfD), couramment utilisés dans le secteur des énergies renouvelables en France, et actuellement en discussion à Bruxelles pour reformer le marché de l’électricité européen.
Incertainé sur les fluctuations des prix
La nature exacte du contrat n’est pas encore établie, ni la capacité du gouvernement à compenser entièrement la différence significative entre les coûts des deux types d’hydrogène.
M. Sagot suggère plusieurs manières de réduire cet écart, notamment grâce à des économies d’échelle dans la fabrication des électrolyseurs, une meilleure gestion des coûts de l’électricité verte, et la suppression des quotas gratuits pour les producteurs d’hydrogène fossile. De plus, “la révision en cours du marché électrique européen pourrait favoriser à l’avenir les contrats d’achat à long terme”, ajoute-t-il. En attendant, il est probable que la différence de prix persiste en raison des fluctuations des prix du gaz et de l’électricité sur le marché européen, poursuit-il.
Par conséquent, “la subvention pourrait potentiellement couvrir une part significative de la différence” entre les coûts des deux types d’hydrogène, afin d’équilibrer les fonds alloués et les objectifs visés, conclut M. Sagot.
Actuellement, il n’est pas garanti que les subventions gouvernementales couvriront intégralement la différence de coûts.
Projets soutenus par l’UE
Grâce à ce décret, la France continue de déployer sa stratégie nationale sur l’hydrogène, initialement lancée en septembre 2020, après avoir plaidé en 2023 pour que l’hydrogène produit par énergie nucléaire contribue aux efforts de décarbonation de l’UE.
En cherchant à devenir un “leader” européen dans ce domaine, la France ambitionne de mettre en œuvre 6,5 GW d’hydrogène vert d’ici 2030, un objectif qui pourrait être surpassé compte tenu des nombreux projets actuellement en développement sur le territoire.
Certains de ces projets s’inscrivent dans le cadre des “projets importants d’intérêts européens communs” (PIIEC), bénéficiant ainsi de plus de 10 milliards d’euros de fonds européens et de plus de quinze milliards d’euros de financements privés.
Plus de 80 initiatives réparties sur deux PIIEC à travers l’UE sont concernées.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, visitera mercredi (31 août) deux de ces projets dans le Haut-Rhin, dont un se concentrant sur une usine de production d’électrolyseurs de 1 GW.”
Synthèse : Le gouvernement français s’apprête à injecter 4 milliards d’euros dans le développement de l’hydrogène vert, une initiative soutenue par l’UE pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Cette somme, qui fait partie d’un plan plus vaste de 9 milliards d’euros annoncé en 2020, vise à encourager des projets locaux produisant ensemble environ 1 GW de puissance.
Le premier électrolyseur devrait voir le jour en 2026. Bien que le type de contrat de soutien ne soit pas encore défini, l’idée est de compenser l’écart de coût entre l’hydrogène vert et l’hydrogène carboné. Les stratégies pour réduire cet écart incluent des économies d’échelle et une meilleure gestion des coûts de l’électricité verte. La France ambitionne de devenir un leader européen dans ce secteur, avec des objectifs qui pourraient dépasser les prévisions initiales d’ici 2030 grâce à des fonds européens et privés conséquents investis dans divers projets.
Source : Euractiv