Jean-Pierre Clamadieu, le dirigeant d’Engie, rassure que l’Europe pourrait traverser l’hiver 2023-2024 sans encombre majeur, malgré l’absence du gaz russe suite à l’invasion de l’Ukraine. Pour lui, cela dépend du maintien d’un approvisionnement élevé en gaz naturel liquéfié (GNL) et de la poursuite des efforts d’économie d’énergie.
L’importance cruciale du GNL pour notre sécurité énergétique
Dans une interview accordée à La Tribune, Clamadieu exprime sa confiance dans l’approvisionnement de l’Europe en GNL pour le prochain hiver. Il note une augmentation significative du nombre de navires transportant le GNL vers l’Europe depuis le début de la crise. Il affirme que la Norvège est désormais le premier fournisseur de gaz de l’Europe, ce qui permet à l’Europe de maximiser ses capacités d’importation via les gazoducs.
Les niveaux de stockage européens sont à plus de 50% en moyenne, un record historique, et à 35% en France.
De plus, l’UE et les États-Unis ont annoncé en avril leur intention de maintenir un niveau élevé de livraisons de GNL aux Européens en 2023. Les importations de GNL américain ont doublé l’année dernière, ce qui a aidé l’UE à réduire sa dépendance au gaz russe.
Face à ces chiffres, Clamadieu affirme : “Nous ne sommes pas du tout sous tension“. De plus, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a confirmé que le bouclier tarifaire sur le gaz serait bientôt supprimé.
Continuité de la réduction de la consommation d’énergie par les Français
Néanmoins, Clamadieu souligne l’importance de la réduction de la consommation d’énergie durant l’hiver précédent, qui a été “remarquable” (-13% pour le gaz, hors effet climat) et a largement contribué à passer l’hiver. Il insiste sur la nécessité de poursuivre les économies d’énergie pour que ses prévisions optimistes se réalisent.
D’autres acteurs du secteur gazier restent prudents.
À la conférence FLAME, qui réunit les acteurs internationaux du gaz et du GNL, nombreux étaient ceux qui appelaient à la vigilance. Anton van Heesewijk, responsable de la stratégie commerciale chez Jera Global Markets, a exprimé ses inquiétudes, soulignant que l’hiver doux et la faible demande chinoise de GNL avaient “en quelque sorte sauvé” l’Europe.
Les prévisions reposent également sur le GNL pour assurer l’approvisionnement en gaz de l’Europe. Pourtant, cette solution risque d’engendrer une tension sur le marché et de maintenir les prix élevés. Selon l’Institut d’analyse économique et financière de l’énergie (IEEFA), les prix du GNL resteront élevés pendant au moins trois ans, mais pourraient commencer à baisser à partir de 2026. Cela serait lié à la mise en service de nombreux nouveaux projets et à la baisse de la demande, liée au développement de sources d’énergie alternatives.
En dépit de ces facteurs, l’Europe reste exposée à la volatilité des prix sur le marché international, un phénomène exacerbé par la tension géopolitique et les fluctuations de la demande mondiale. Une combinaison d’approches est nécessaire pour assurer la sécurité énergétique : une diversification continue des sources d’approvisionnement, une transition accélérée vers les énergies renouvelables et des efforts soutenus pour réduire la consommation d’énergie.
Pour résumer, malgré l’optimisme affiché par certains acteurs, la préparation à une éventuelle pénurie de gaz pour l’hiver 2023-2024 reste cruciale. La situation nécessite une gestion énergétique prudente, une diversification des sources d’approvisionnement et une transition énergétique plus rapide pour garantir la sécurité énergétique à long terme de l’Europe.
Source : Opera Energie
