L’échec prévisible de la politique industrielle de l’UE a été mis en évidence par l’expérience malheureuse du Fonds de souveraineté européen. La nécessité de remédier à cette situation et de rivaliser avec les États-Unis et la Chine sera un thème central lors des élections européennes de 2024.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a surpris de nombreux observateurs en annonçant l’année dernière que l’exécutif européen présenterait une proposition de « Fonds de souveraineté » européen avant l’été.
Elle a expliqué : « Nous voulons que l’industrie européenne continue à jouer un rôle de premier plan dans la transition écologique. C’est pourquoi j’ai introduit l’idée d’un fonds de souveraineté ». Cependant, le résultat a été décevant.
Au lieu d’un puissant fonds de souveraineté, la Commission européenne a simplement lancé un nouveau site Internet avec un nouvel acronyme, la plateforme Technologies stratégiques pour l’Europe (STEP). De plus, aucun financement supplémentaire n’a été alloué pour rivaliser avec la loi américaine sur la réduction de l’inflation, qui dispose de 370 milliards de dollars pour les investissements dans les énergies propres.
Au lieu de cela, la Commission a prévu de puiser dans les fonds existants de l’UE, avec une proposition supplémentaire de 10 milliards d’euros provenant des États membres. Même si ce complément budgétaire est accepté par les États membres, le budget de la politique industrielle verte de l’UE restera minime par rapport aux sommes investies par les États-Unis et la Chine.
La France soutient l’idée d’un grand fonds financé par la dette européenne commune, mais d’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, estiment que le fonds de relance de 800 milliards d’euros pour la Covid-19 n’a pas encore été pleinement utilisé.
Il était donc prévisible que cette proposition échoue. Les seuls financements disponibles pour les technologies propres en Europe sont actuellement principalement issus des budgets nationaux, ce qui crée un déséquilibre entre les États membres de l’UE.
À mesure que l’UE se rapproche de son objectif de réduction à zéro des émissions, le besoin d’une politique industrielle verte devient de plus en plus pressant. En l’absence d’un budget européen suffisant pour compenser les aides d’État nationales en faveur des technologies propres, la Commission européenne devra réintroduire des règles plus strictes pour les aides d’État, ce qui pourrait entraver le soutien des champions nationaux des technologies propres en Allemagne et en France.
La résistance des grands États membres de l’UE à une véritable politique industrielle commune a toujours été un obstacle. Malgré tout, pour rivaliser avec la Chine et les États-Unis dans la course mondiale aux technologies propres, il est essentiel d’adopter une approche commune au niveau de l’UE. Sans cela, les États membres risquent de se concurrencer mutuellement, ce qui ne favorisera pas l’avantage concurrentiel de l’Europe dans ce domaine.
À l’approche des élections européennes de juin 2024, la question de la politique industrielle verte reviendra inévitablement sur le devant de la scène de l’UE.
Les nouvelles institutions de l’UE devront s’engager à relever ce défi. Sinon, l’économie européenne, qui a une forte intensité de carbone, sera confrontée à des problèmes à l’avenir. Il est clair que l’UE doit adopter une approche plus solide et ambitieuse pour soutenir son industrie et promouvoir les technologies propres. Cela nécessite un financement adéquat, une coopération renforcée entre les États membres et une politique industrielle verte commune. Seule une réponse commune permettra à l’Europe de devenir compétitive sur la scène internationale et de créer un avantage pour ses entreprises sur les marchés mondiaux.
Source : Euractiv