La Cour des comptes européenne a récemment pointé du doigt la Commission européenne pour avoir fixé des objectifs jugés “irréalistes” concernant la production et l’importation d’hydrogène d’ici 2030.
Bien que la stratégie pour l’hydrogène ait été saluée pour ses avancées réglementaires, les auditeurs soulignent que les ambitions de l’Union Européenne ne reposent pas sur une analyse rigoureuse de la situation actuelle.
Un plan trop ambitieux
L’hydrogène, considéré comme une solution clé pour la décarbonation des industries lourdes comme la sidérurgie ou la pétrochimie, peut être produit de deux façons : par réformage du gaz ou par électrolyse de l’eau, cette dernière méthode utilisant de l’électricité, de préférence renouvelable. En 2020, l’UE a lancé une stratégie ambitieuse visant à encourager la production d’hydrogène “vert”. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, le plan REPowerEU a été mis en place pour accélérer cette transition et réduire la dépendance aux énergies fossiles russes. La Commission européenne a alors fixé un objectif de 10 millions de tonnes d’hydrogène produites et importées d’ici 2030.
Cependant, quatre ans après la mise en œuvre de cette stratégie, la Cour des comptes européenne critique ce qu’elle perçoit comme un excès d’optimisme. Stef Bloc, membre de la Cour des comptes, a souligné que ces objectifs sont politiquement motivés et ne reflètent pas les réalités du marché et des capacités actuelles des États membres.
Une gestion des fonds à revoir
Outre les objectifs, le rapport met en lumière une gestion peu optimisée des financements alloués à cette transition. La Commission ne dispose pas de données complètes sur les financements nationaux dédiés à l’hydrogène renouvelable, et les 18,8 milliards d’euros prévus pour 2021-2027 sont dispersés sur différents programmes aux règles complexes. Cette situation rend difficile pour les acteurs du marché de déterminer quels financements sont les plus adaptés à leurs projets.
Des avancées règlementaires saluées
Malgré ces critiques, la Commission a été félicitée pour son travail réglementaire, notamment en ce qui concerne le cadre juridique de l’hydrogène renouvelable. Cependant, le retard dans l’adoption de l’acte délégué sur l’additionnalité, essentiel pour définir les normes du marché, a semé le doute parmi les investisseurs, freinant le développement des projets.
Vers une révision des objectifs
La Commission européenne reconnaît que son travail est loin d’être achevé. Les auditeurs recommandent une révision de la stratégie hydrogène de l’UE, en prenant en compte les capacités de production, les incitations du marché et les implications géopolitiques. Le rapport insiste sur la nécessité de fixer des objectifs ambitieux, mais réalistes, pour garantir une transition énergétique durable et faisable.
En conclusion, l’UE doit adapter ses ambitions à la réalité du terrain pour réussir sa transition vers une économie verte basée sur l’hydrogène.
Source : Euractiv