Prix en hausse : la faillite de la concurrence énergétique

Prix en hausse : la faillite de la concurrence énergétique

Le marché de l’énergie, qu’il s’agisse de l’électricité ou du gaz, a récemment fait face à une mise à l’épreuve significative. En effet, la crise énergétique a entraîné une hausse sans précédent des prix du gaz, puis de l’électricité, confirmant ainsi les prévisions de nombreux experts selon lesquelles la concurrence n’a pas apporté une aide significative.

Cette situation peut être comparée à un “essai de choc” ou “crash-test” en anglais, qui consiste à évaluer les dommages causés à une voiture en la projetant contre un mur.

L’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie, dans toute son ampleur, a subi un crash-test réel.

Cette crise, qui trouve son origine dans le conflit en Ukraine, a démontré que la concurrence n’a pas été bénéfique, et la suppression des tarifs réglementés du gaz à partir du 1er juillet devrait encore aggraver une situation déjà précaire en entraînant une nouvelle augmentation des prix. Selon le baromètre du médiateur de l’énergie, la flambée des factures au cours de l’année écoulée a plongé plus d’un quart des Français et un tiers des jeunes dans la précarité énergétique.

Le médiateur de l’énergie a enregistré plus de 30 500 litiges cette année, soit le double par rapport à 2017. Le manque d’informations sur les changements de prix, les modifications des contrats en cours et les pratiques abusives sont monnaie courante, expliquant ainsi le retour des consommateurs vers les opérateurs historiques, tels qu’EDF pour l’électricité et GRDF (Engie) pour le gaz.

L’exemple des télécommunications est instructif.

Lorsque le marché a été libéralisé en 1999, l’objectif était de redonner aux Européens leur liberté et du pouvoir d’achat grâce à la concurrence. On espérait ainsi créer un marché européen de l’énergie qui serait plus efficace et sûr pour les consommateurs, qu’ils soient des entreprises ou des particuliers. On se basait sur le modèle de la libéralisation du marché des télécommunications, qui s’est traduite par des tarifs européens parmi les plus bas au monde, ainsi qu’une vague d’innovation spectaculaire.

Cependant, cette dynamique ne s’est pas reproduite dans le secteur de l’énergie. Pourtant, dans les deux cas, les États ont pris des mesures importantes en créant des organismes de régulation, en séparant les réseaux des services, en instaurant des médiateurs et en mettant en place un cadre protecteur pour les consommateurs. Mais la révolution des télécommunications a été accompagnée d’une transformation technologique sans précédent avec l’avènement du téléphone mobile et de l’accès à Internet. Ces deux vagues successives ont élargi les horizons et ont permis aux nouveaux acteurs d’innover tant au niveau des services que des tarifs.


Finalement, les véritables gagnants ont été ceux qui ont réussi à passer du simple statut de revendeur à celui d’opérateur disposant de leur propre réseau physique. Dans le secteur de l’énergie, la plupart des nouveaux acteurs n’ont pas réussi à dépasser le stade de simples intermédiaires aux marges aussi minces que leurs slogans écologiques. En attendant la révolution des énergies alternatives, il est essentiel de rester vigilant en surveillant attentivement ses factures.

En bref, l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie a été soumise à un test grandeur nature. Malheureusement, la crise énergétique a entraîné une augmentation considérable des prix du gaz et de l’électricité, confirmant ainsi que la concurrence n’a pas été bénéfique dans ce secteur. Les problèmes tels que la précarité énergétique, les litiges et les pratiques abusives ont conduit de nombreux consommateurs à se tourner à nouveau vers les opérateurs historiques. Comparé à la libéralisation du marché des télécommunications, qui a connu un succès notable, le marché de l’énergie n’a pas réussi à reproduire les mêmes résultats. Néanmoins, en attendant les avancées dans les énergies alternatives, il est important de surveiller attentivement ses dépenses énergétiques.

Source : Le Monde

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