Le nucléaire joue un rôle essentiel dans la réalisation des objectifs de neutralité climatique, selon une décision historique de la Commission de l’Union européenne le 16 juin. Cette décision reconnaît que toutes les sources de production bas carbone contribuent à la décarbonation, ce qui suscite à la fois des perspectives prometteuses et des oppositions acerbes.
La Commission a affirmé que les énergies sans combustibles fossiles autres que les énergies renouvelables sont bénéfiques pour atteindre les objectifs de neutralité climatique d’ici 2050.
Bien qu’elle n’ait pas mentionné explicitement le nucléaire, cette affirmation implique clairement que cette source d’énergie est utile pour réduire les émissions de carbone. Cette déclaration a été faite dans le cadre de la proposition visant à atteindre une part de 42,5% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique de l’Europe d’ici la fin de la décennie, qui sera bientôt validée.
Cette reconnaissance ouvre la voie à la France, qui envisage de remplacer son hydrogène produit à partir de gaz par de l’hydrogène produit à partir d’électricité décarbonée. Cela permettra également à la France de décarboner ses usines d’ammoniac, qui sont cruciales dans la production d’engrais.
La part de l’Europe dans l’exportation de technologies bas carbone a déjà dépassé les 20%, tandis que les États-Unis ne représentent que 13% et la Chine incontournable est en tête avec 34%.
Cependant, cette évolution de paradigme ne fait pas l’unanimité au sein de l’Union européenne. L’Autriche, le Luxembourg et surtout l’Allemagne ont exprimé leur désaccord. Cette opposition s’inscrit dans le contexte tendu de la réforme des marchés de l’électricité, qui vise à offrir aux consommateurs un prix de l’électricité plus proche du coût réel de production.
L’Allemagne s’oppose catégoriquement à l’application des contrats à prix différencié (CdF) au nucléaire. Elle rejette l’idée de financer les opérations d’exploitation à long terme des réacteurs nucléaires en Europe par le biais de CdF. Claude Turmes, ministre de l’Énergie luxembourgeois, est également opposé au financement des centrales nucléaires, arguant que cela créerait une “distorsion de concurrence”. En réponse à ces objections, Agnès Pannier-Runacher, la ministre française chargée de l’Industrie, souligne que le nucléaire représente 25% de la production d’électricité en Europe et que l’absence d’un mécanisme permettant de prolonger la durée de vie des centrales pourrait poser de graves difficultés.
Le texte sera soumis au vote du Parlement le 28 juin.
Source : Opéra Energie