L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et la branche de la Banque mondiale, l’International Finance Corporation (IFC), ont exprimé leur préoccupation concernant les investissements dans les énergies propres des pays émergents. Les disparités d’investissements sont une source majeure d’inquiétude.
Alors que le Sommet de Paris est en cours (22 et 23 juin 2023), réunissant près de 50 chefs d’État pour établir un pacte financier mondial en faveur des économies en développement, la question de leur transition énergétique est au centre des débats.
La Chine en tête du classement
Selon l’AIE et l’IFC, les pays émergents et en développement investissent environ 770 milliards de dollars chaque année dans les énergies renouvelables. Cependant, en y regardant de plus près, les disparités sont flagrantes. Les “grandes économies” sont les plus avantagées. Ainsi, la Chine représente à elle seule les deux tiers de ces investissements (511 milliards de dollars). Si l’on ajoute l’Inde, le Brésil et l’ensemble du continent africain, plus de 75% des investissements sont concentrés dans ces pays.
Pourtant, même entre ces quatre principaux acteurs, les inégalités persistent.
Rien qu’en 2022, la capacité installée de production d’électricité photovoltaïque en Chine était dix fois supérieure à celle installée dans toute l’Afrique (100 GW contre 11 GW).
L’Inde, un élève ambitieux
Dans cette dynamique des nations émergentes, l’Inde se distingue également en se fixant des objectifs audacieux. Le gouvernement indien, qui s’est engagé à investir 197 milliards de dollars dans les énergies propres, a établi une liste d’objectifs à atteindre d’ici 2030. Il vise à réduire d’un milliard de tonnes les émissions totales de carbone du pays, à atteindre une capacité installée de 500 GW d’énergies renouvelables et à réduire de 45% l’intensité carbone de son économie nationale. À plus long terme, l’Inde vise la neutralité carbone d’ici 2070.
Les dangers des inégalités dans les investissements
Le constat est clair : 775 millions de personnes dans les pays en développement n’ont pas accès à l’électricité. Selon le directeur exécutif de l’AIE, Faith Birol : “Le paysage énergétique mondial évolue rapidement, mais il existe un risque majeur que de nombreux pays soient laissés pour compte”. Selon l’organisation de l’OCDE, des domaines prioritaires nécessitent une action : les infrastructures, les carburants à faibles émissions et l’électricité à faible teneur en carbone.
Les objectifs à atteindre
L’enjeu crucial est de répondre aux besoins énergétiques croissants des économies en développement tout en limitant le réchauffement climatique.
Lors d’une conférence de presse tenue dans le cadre du Sommet de Paris, le vendredi 23 juin au matin, le Président Macron a exprimé sa volonté de “sortir les pays émergents du charbon” tout en appelant à l’unité face au défi de la transition énergétique.
Le Président a souligné : “Comme nous l’avons fait pour l’Afrique du Sud, l’Indonésie et d’autres pays, l’accord avec le Sénégal vise à permettre une transition énergétique créatrice de richesse”.
Alors qu’Emmanuel Macron estime que 100 milliards de dollars doivent être réalloués aux pays émergents pour éviter “la fragmentation du monde”, Faith Birol, directeur de l’AIE, estime de son côté que les investissements publics et privés dans les énergies propres doivent être considérablement augmentés. Selon lui, il faudrait viser entre 2 200 et 2 800 milliards de dollars d’investissements par an à partir de 2030 et jusqu’en 2050.
En bref, les inégalités dans les investissements liés à la transition énergétique chez les pays émergents constituent une préoccupation majeure. Bien que certains pays, comme la Chine et l’Inde, investissent des sommes considérables dans les énergies propres, il existe des disparités importantes entre les différents acteurs. Il est essentiel de remédier à ces inégalités afin de garantir un accès à l’énergie propre pour tous les pays en développement. Des actions prioritaires doivent être entreprises dans les domaines des infrastructures, des carburants à faibles émissions et de l’électricité à faible teneur en carbone. Des engagements financiers et politiques plus importants sont nécessaires pour soutenir la transition énergétique mondiale et atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone.
Source : Opéra Energie